Jean-Luc, 55 ans, a été soigné pour un cancer pendant quatre ans. Il a été soutenu par un psychologue pour traverser cette épreuve et préserver sa famille. Le cancer de Jean-Luc avait rendu la communication entre les membres de sa famille difficile. Chacun d’entre euxétait pris dans ses propres souffrances. Jean-Luc ne voulait plus semer le trouble au sein de ses proches en évoquant sa maladie en leur présence. Il a donc décidé de rencontrer un psychologue, mais pas n’importe lequel. « Je voulais rencontrer un psychologue, mais dans un endroit où ma maladie était traitée. Je ne pense pas que je serais allé en centre-ville frapper chez n’importe quel psychologue. »
Jean-Luc voulait rencontrer un psychologue spécialiste habitué à travailler avec des personnes touchées par le cancer. C’était, selon lui, la personne la plus apte « à répondre à des points d’interrogation ».
Jean-Luc a traversé des moments difficiles avec des périodes d’abattement profond où l’espoir s’amenuisait. « Il y a des moments où vous êtes tellement mal que vous vous dites que, si ça continue, ça ne vaut pas tellement le coup de vivre… » Le travail mené avec le psychologue a été salutaire. Jean-Luc attendait beaucoup de ces séances : « Pour moi, il avait un peu une parole évangélique à cette époque . »
« Le fait de voir un psychologue m’a surtout permis d’aller un peu mieux dans une période où les traitements étaient très lourds. » Ce soutien extérieur a également permis à Jean-Luc d’épargner sa famille, puisqu’il n’éprouvait pas le besoin d’aborder les aspects les plus difficiles de sa maladie au sein de son foyer.
Au cours de ces entretiens, Jean-Luc a pu parler ouvertement de toutes ses angoisses, sans tabou. Accablé par la souffrance et la peur de ses proches, il a pu parler de ses craintes. « La mort, ce n’était pas quelque chose qui m’inquiétait. C’était plus de laisser ma famille sans moi. »
Pour Jean-Luc, il était évident que la rencontre avec un psychologue était indispensable pour éviter l’implosion familiale. « Comme ça a duré quand même pendant quatre ans, si on ne veut pas que tout vole en éclats, il faut essayer d’apporter un peu d’oxygène. »
De l’oxygène qui passe d’abord par un soutien moral . « J’ai passé un hiver où je n’arrivais même pas à me lever de ma chaise, donc c’était extrêmement difficile. » Jean-Luc est certain que son moral a joué un rôle déterminant dans l’efficacité des soins.
« Soigner la tête avant de soigner le corps, je le maintiens » , sourit Jean-Luc.
Désormais, lorsqu’il rencontre des personnes touchées par le cancer, Jean-Luc les incite à rencontrer un psychologue. « Pour moi, c’est vital. Aujourd’hui, je remercie encore Jean-Luc Machavoine * parce que, sans lui, je ne m’en serais jamais sorti. Et j’en suis sûr. »
Selon Jean-Luc, plusieurs raisons devraient inciter à rencontrer un psychologue. L’univers médical, aussi dévoué et efficace soit-il, manque parfois de chaleur. Les rencontres avec les autres patients dans les salles d’attente peuvent être inquiétantes, tout comme les traitements. Le dialogue avec le psychologue permet d’exprimer ses doutes et ses craintes et, finalement, d’apprendre à les maîtriser. Il permet également d’envisager une issue positive à la maladie. « On peut s’en sortir, mais il faut s’accrocher et il faut savoir qu’il peut y avoir une issue positive. »
Le psychologue permet de parler de sa maladie, de son traitement, puis de sa guérison, et de conserver le meilleur de la vie pour sa famille. « A sa famille, on parle du quotidien, des projets, des sorties, et puis on peut parler d’amour et de tout un tas de choses parce que la vie continue. »
* Jean-Luc Machavoine, psychologue clinicien, centre François Baclesse, Caen.
Centre François Baclesse : centre de lutte contre le cancer en Basse-Normandie. Auteur : DR Robert BRAMI
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Janvier 2014
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