Plus de 24 000 enfants naissent chaque année en France grâce à l’Assistance Médicale à la Procréation (AMP). Tous ne sont toutefois pas issus de la même procédure. Trois techniques sont principalement utilisées : l’insémination artificielle, la fécondation in vitro, la fécondation in vitro avec ICSI. Les protocoles commencent par une stimulation ovarienne. La FIV avec micro-injection ou ICSI ( Intracytoplasmic Sperm Injection en anglais) est une variante de la FIV classique. Cette technique est indiquée en cas d’anomalies des paramètres spermatiques ou en cas d’échec en FIV classique. La stimulation ovarienne, le déclenchement de l’ovulation et la ponction folliculaire ont lieu selon les mêmes protocoles qu’une FIV classique. La technique se distingue d’une FIV classique par le fait qu’un spermatozoïde est injecté dans chaque ovocyte pour réaliser la fécondation et obtenir des embryons. Etape 1 : la stimulation ovarienne Le traitement commence par une stimulation ovarienne qui consiste en des injections quotidiennes en sous-cutané d’une hormone (la FSH) dont le rôle est d’assurer la croissance des follicules ovariens contenant les ovocytes. A chaque cycle normal, au moment de l’ovulation, un follicule laisse « échapper » un ovocyte. L’objectif de la stimulation ovarienne avant une FIV est d’obtenir la croissance de tous les follicules « recrutables » au cours d’un cycle soit environ une dizaine pour les 2 ovaires. Il est également nécessaire de bloquer l’ovulation spontanée avant la ponction ovarienne, par une ou des injections d’un analogue de la GnRH qui bloque l'action d'une hormone de la reproduction, l'hormone libératrice des gonadotrophines ou GnRh. La surveillance de la réponse ovarienne et l’adaptation des doses d’hormones injectées a pour but d’obtenir un nombre idéal d’ovocytes (ni trop, ni trop peu). Etape 2 : le déclenchement de l’ovulation L’ovulation est ensuite déclenchée par l’injection d’une hormone appelée hCG (hormone gonadotrophine chorionique humaine) qui déclenche l’ovulation 37 à 40 heures plus tard. La ponction folliculaire sera pratiquée juste avant l’ovulation. Le moment de l'injection d’hCG est déterminé en fonction de l'heure prévue pour la ponction folliculaire. Le déclenchement n’est effectué que si les paramètres de surveillance sont de bonne qualité (au moins 3 ou 4 follicules matures, avec un taux d’œstradiol et de progestérone adéquat). Ponction folliculaire sous échographie Etape 3 : la ponction folliculaire La ponction folliculaire est pratiquée par le gynécologue au bloc opératoire (sous anesthésie locale ou parfois générale) par voie vaginale sous contrôle échographique. Il vous expliquera les risques éventuels liés à l'anesthésie et répondra à toutes vos questions. Cette intervention est le plus souvent indolore quelle que soit la technique d’anesthésie. Chaque follicule est vidé par aspiration afin de récupérer l’ovocyte qu’il contient qui est de taille microscopique et donc invisibles en échographie. Les tubes contenant le liquide folliculaire et les ovocytes sont adressés et analysés au laboratoire. Tous les follicules ne contiennent pas forcément un ovocyte et tous les ovocytes ne sont pas nécessairement fécondables. Ne sont retenus que les ovocytes de qualité suffisante afin de pouvoir réaliser une FIV. Etape 4 : le recueil du sperme de mon conjoint Pendant la ponction folliculaire, votre conjoint réalise le recueil de sperme par masturbation qui est ensuite lui aussi préparé au laboratoire. Seuls les spermatozoïdes les plus mobiles et les mieux formés sont sélectionnés pour la fécondation. Si le sperme ne contient pas de spermatozoïdes, des spermatozoïdes peuvent être prélevés chirurgicalement dans les voies génitales masculines ou dans le testicule. Le prélevement chirurgical peut avoir lieu le jour de la ponction ou avant celle-ci , les spermatozoïdes sont alors congelés. Etape 5 : la mise en contact « in vitro » avec micro-injection (ICSI) Une fois recueilli, le sperme est traité et les spermatozoïdes vivants sont placés dans une solution pour les immobiliser. L’ICSI consiste ensuite à introduire directement un spermatozoïde dans l’ovocyte. C’est le biologiste ou le technicien qui choisit et injecte le spermatozoïde dans l’ovocyte à un endroit bien précis pour induire la fécondation. Cette étape « délicate » se fait à l’aide de micropipettes. Cela donne plus de chance de fécondation quand les spermatozoïdes sont par exemple un peu « paresseux » ou en faible nombre. L’ICSI est ainsi principalement utilisé en cas d'infertilité d’origine masculine. Les ovocytes fécondés sont mis en culture comme pour une FIV classique. Le transfert d’embryon et la congélation des embryons surnuméraires se fait, là encore, selon la même procédure que pour la FIV classique. Illustration 1 : Ovocyte immobilisé par la pipette de contention (à gauche) afin de pouvoir injecter le spermatozoïde à l’intérieur à l’aide d’une pipette de micro-injection (à droite) Illustration 2 : Vue schématique de la technique Etape 6 : la mise en culture de l’ovocyte fécondé Environ 2 jours après la mise en culture de l’ovocyte fécondé, survient le stade embryonnaire qui correspond à un embryon de 2 à 4 cellules. La stratégie de transfert embryonnaire la plus adaptée (combien d’embryons à quel stade de développement ?) est alors déterminée en fonction de la « qualité » des embryons et de votre profil (âge, rang de tentative, durée et histoire de votre infertilité). Combien d’embryons ? Quel délai avant de transférer l’embryon ? La « qualité » des embryons est évaluée principalement par le nombre de cellules qu’ils contiennent, leur forme, et le pourcentage de fragments issus de la décomposition possible d’une partie des cellules. Un embryon de bonne qualité n’est pas fragmenté et possède 4 cellules au 2jour et 8 au 3jour de son développement. Plus les femmes sont jeunes, plus il est possible d’obtenir des embryons de bonne qualité, et plus le nombre d’embryons transférés est restreint afin d’éviter les grossesses multiples. Le transfert d’un seul embryon sera proposé à une femme jeune ayant des embryons de belle qualité. Le temps de culture de l’embryon varie aussi selon les cas. Généralement, plus les embryons sont nombreux et de belle qualité aux stades précoces de leur développement (deuxième et troisième jour), et plus certaines équipes auront tendance à prolonger la culture jusqu’au 5ou 6jour afin de disposer de la forme la plus évoluée des embryons, dont la capacité d’implantation est meilleure. Schématiquement, on peut retenir que le transfert de l’embryon s’effectue du 2au 6jour après la ponction d’ovocytes. Dans certains cas, il est nécessaire de différer le transfert embryonnaire à un autre cycle c’est-à dire d’attendre avant de transférer. Le plus souvent, pour éviter les risques d’hyperstimulation ovarienne qui seraient aggravés par une grossesse éventuelle. Dans cescas, le laboratoire congèle tous les embryons de bonne qualité (voir étape 8). Etape 7 : le transfert d’embryon Le conjoint ne doit pas être obligatoirement sur place le jour du transfert, mais sa présence est fortement conseillée. Le transfert de l’embryon ne nécessite pas d’anesthésie. C’est un geste indolore et réalisé sous contrôle échographique. Au moyen d’un petit tube fin et souple, introduit par voie vaginale, l’embryon est déposé à l’intérieur de l’utérus pour qu’il s’y implante et se développe. Après le transfert, il n’y a pas de précautions particulières à prendre. En particulier, le repos allongé après le transfert n’a pas prouvé son efficacité. Vous pouvez mener votre vie normalement : travailler, prendre les transports, avoir des rapports. N’ayez pas d’inquiétude, l’embryon ne risque pas de « tomber » ! Le médecin ne prescrit pas systématiquement d’arrêt de travail après une ponction ou un transfert car cela n’augmente pas les chances de grossesse. Si vous avez des douleurs, un arrêt peut être prescrit après avis médical. Le test de grossesse, qui ne nécessite pas d’être à jeun, doit être fait 2 semaines après la ponction quel que soit le jour du transfert et même en cas de saignements évoquant les règles. Quels sont les taux de réussite ? Le taux de grossesse par FIV-ICSI au sein d’un couple se situe aux alentours de 23,8 %. En cas d’échec il sera possible de faire une nouvelle tentative, après une pause de plusieurs mois. Comme pour la FIV, 4 tentatives sont prises en charge par la Sécurité Sociale. Etape 8 : congélation des embryons restants Après le transfert d’embryon, les embryons restants (mais seulement s’ils sont de bonne qualité) sont congelés au laboratoire (par vitrification le plus souvent). Ils seront utilisés en cas d’échec de la FIV avec transfert d’embryon frais et/ou pour un autre enfant. Le transfert d’embryons congelés a lieu après une préparation de la muqueuse utérine. Les commentaires sont fermés.
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Mai 2021
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